Souvent on me demande conseil pour des soucis de comportement. On me décrit un chien “têtu”, parfois “bête comme ses pieds”, ou “dominant”. Bref : un chien a qui on ne peut pas faire confiance et incapable d’apprendre quoique ce soit.

 

Parfois, on a bien affaire à des soucis de comportement, liés à des traumatismes ou à un mauvais développement à l’âge chiot ou de mauvais apprentissages involontaires ou encore des raisons de santé.

 

Souvent, on a juste à faire à un chien dont les besoins ne sont pas respectés. Attention ! Je ne parle pas de chien maltraité. Loin de là ! La plupart du temps, les propriétaires sont amoureux de leur chien, ils ne veulent que son bien ; mais ne savent pas ce qu’est un chien, ignorent quels sont ses besoins et de ce fait ne comblent pas ces besoins. Ne pas combler ces besoins créent des “troubles du comportement” plus ou moins importants.

 

Alors, quels sont ces besoins si essentiels ?

 

En 1992, le Farm Animal Welfare Council a établi ” 5 libertés” décrivant le bien-être animal. Ces 5 points font aujourd’hui référence dans la prise en charge des animaux.

 En règle générale, le 3 premières libertés sont comblées. En Suisse, il est heureusement rare de voir des animaux mal nourris, mal soignés ou vivant dans des conditions épouvantables. Cela peut arriver, mais reste rare.

Par contre… Nous allons développer les deux derniers points 

Liberté d’exprimer un comportement normal pour l’espèce

Chez le chien il s’agit principalement :

  – Besoin de contacts sociaux :

Le chien est un être d’attachement obligatoire, comme l’humain. C’est-à-dire que s’attacher à un autre être est tout aussi vital que boire ou manger. Les besoins sociaux
sont donc très importants ! Combler ce besoin devrait représenter 3h par jour, au minimum chez le chien (hors nuit – Joël Dehasse)
Ce besoin peut être comblé de différentes manières :

* contact avec l’humain : des moments ensemble, de jeux, de tendresse, de travail. L’emmener avec nous, le faire partager de bons moments qui pour lui seront
source de stimulations mentales différentes. C’est passer du temps qualitatif, en connexion avec son chien. 

* contact avec des congénères : laisser les chiens libres de se rencontrer, de renifler les odeurs, jouer, communiquer. 

* Contact avec les autres animaux : Pour un chien bien socialisé, aller à la rencontre d’animaux de ferme (par exemple) entre totalement dans le besoin social. Cela lui permet d’avoir une stimulation mentale supplémentaire, de découvrir de nouvelles odeurs…

Agressivité, peur… Il arrive que certains chiens ne puissent être mis en contact direct avec des congénères, ni avec des humains. Que faire ?
* Le besoin de contact peut se gérer à distance ! Sentir les odeurs d’un autre chien, marquer… sont déjà une partie du besoin de contact. Parfois, ils seront
suffisant.
* Jouer en brute n’est pas gage de bon contact. Avoir la possibilité de marcher tranquillement ensemble est déjà une satisfaction du besoin.
* Être touché par des humains inconnus est rarement apprécié par les chiens. C’est à respecter.
Le besoin social permet :
– La communication inter et intraspécifique
– Peut-être tactile / visuelle / olfactive.
– Le jeu
– Réduit le stress (sauf non respect des émotions du chien)

Besoin de renifler : 

C’est un besoin PHYSIOLOGIQUE / PSYCHOLOGIQUE/ D’EPANOUISSEMENT 

Notre monde humain est fait de couleurs et de visions – celui du chien est fait d’odeurs. Nous voyons avec nos yeux, le chien voit avec son nez. 

Une balade doit respecter ce besoin et ne pas se faire au pas de course en tirant le chien qui renifle. A la limite, il sera bien plus
efficace de laisser son chien renifler longuement et de couvrir une courte distance que de parcourir plusieurs kilomètres rapidement.

Un prochain article parlera plus spécifiquement de l’odorat du chien, mais en attendant, n’oubliez jamais : Le chien est né pour sentir. Lui offrir le temps et la capacité de le faire c’est régler un bon nombre de “troubles du comportement”

Lors d’un prochain article, je développerais l’olfaction du chien, mais globalement, gardez en tête que lorsqu’en entrant dans une cuisine vous sentez qu’une sauce bolognaise est sur le feu… votre chien en a senti toute la recette, et pourrait écrire sa recette, au gramme près pour chaque ingrédient, juste comme ça, en la reniflant.

Sports canins en lien :

– Mantrailing
– Recherche Utilitaire
– Piste d’obédience
– Détection «sportive»

– Nose working (je mettrais quelques exercices faciles à faire chez soi ou en balade par la suite)

Intérêt pour le chien :

– Baisse de la pression artérielle et du
stress
– Réflexion
– Découverte de l’environnement
– Augmentation de la confiance en soi et du bien-être (selon étude de C.Duranton et A. Horowitz – 2019)

 

Besoin de mastiquer :

 

Trésor trouvé sous la neige – un grand moment de mastication

– C’est un besoin PHYSIOLOGIQUE / PSYCHOLOGIQUE
La mastication est d’autant plus essentielle qu’elle permet :
– La détente /le plaisir
– Augmentation de l’ocytocine et la baisse du cortisol
– Fatigue saine et occupation

Pour faire simple : votre chien est stressé ? Donnez lui un os. Votre chien s’ennuie ? donnez lui un os.

Sans rentrer dans l’anatomie : il suffit de voir la taille des muscles masticatoires du chien (en jaune sur le schéma) pour comprendre à quel point combler ce besoin primaire est essentiel. 

La mastication est aussii la brosse à dents des chiens. Lui offrir de quoi mastiquer au quotidien, c’est vous éviter de fréquents détartrages chez le vétérinaire.

J’entends encore trop souvent : “mais ça sent mauvais / c’est dangereux / J’aime pas / il en a pas besoin”… La mastication est un besoin primaire du chien, au même titre que bouger ou boire ou manger.

Quel os donner ? cela fera l’objet d’un futur article. 

Absence de peur et de détresse

Ca semble basique… Eviter la peur et l’angoisse au chien

Dans les faits… ce n’est pas si simple.

De nombreuses méthodes éducatives sont basées sur la coercision (punition). Il semble souvent plus facile de punir un chien qui se trompe, qui “fait une bêtise” que de prendre le temps de lui apprendre des comportements plus adaptés à notre société humaine. 

Sous couvert de montrer au chien qu’il ne risque rien… combien sont mis en immersion ? C’est à dire placé dans la situation qui les effraie “pour lui apprendre”.

Combien de chiens, sans être phobiques, se retrouvent dans des situations qui les mettent mal à l’aise ?

Pire ! combien sont euthanasiés car ils ont mordu, souvent par peur ?

L’absence de peur et d’angoisse, c’est une liberté qui est loin d’être gagnée… malgré la bonne volonté de l’humain accompagnant, souvent par manque de connaissance des signaux que le chien nous envoie. Faites vous accompagner par un professionnel qui travaille sans force ni punition.

Oui… encore un article en perspective. La peur chez le chien : un long et vaste sujet !

 

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